Pise | Toscane | Italie
Voici une balade un peu singulière, à l’extrême nord de la Toscane, là où les Alpes Apuanes forment un paysage unique, aujourd’hui largement transformé par l’homme. De la splendide cité de Lucques à la place des Miracles de Pise en passant les paysages à couper le souffle de Carrare et des Apuanes, préparez-vous à vivre une expérience unique en Toscane.
A l’époque du Quattrocento, cette bande littorale est découpée en tout petit régime, des Etats confettis :
La République Maritime de Pise
La République de Lucques
Le Marquisat de Massa et de Carrare.
Historiquement, la République Maritime est la plus puissante avec au plus fort de sa domination au Moyen-Âge, un territoire qui allait jusqu’aux Baléares, la Corse et la Sardaigne, des comptoirs commerciaux dans le sud de l’Italie, en Tunisie, dans l’Empire Byzantin et même jusqu’en Egypte ! De cette époque, elle a gardé la somptueuse place des Miracles et un style unique, mélange de toutes ces civilisations, l’architecture romano-pisane.
Sa voisine Lucques s’est beaucoup inspirée de ce style, allant même jusqu’à le perfectionner. La ville aux cent églises a largement pu s’exercer dans ce perfectionnement. La République de Lucques a toujours tenu tête à sa puissante voisine de Florence tirant sa force de l’étoffe la plus précieuse, la soie, lui garantissant amis et argent.
Enfin le Marquisat de Massa, aux prises avec ses voisins plus riches et mieux doté que lui (Gênes, Lucques, Pise, et même Florence) va réussir à mener sa barque grâce à son or blanc, le marbre que Michel-Ange va sublimer. Largement doté en forteresse, cette partie de la Toscane est militarisée depuis des millénaires, encore aujourd’hui avec la base militaire de La Spézia, située non loin de là.


Être subjuguer par la place des Miracles
Partir à la recherche des Marquis de Malaspina
Se prendre pour Michel-Ange dans une visite (guidée) d'une carrière de marbre
Se passionner pour les artistes de Pietrasanta
Épier les détails du style Romanico Pisano à Lucques
Prolonger l'aventure jusqu'à la charmante Pistoia
Mes Incontournables






















Se passionner pour les artistes de Pietrasanta
Que cette ville est agréable ! Avec sa Piazza del Duomo où l’on peut se poser sur les marches ou boire un verre, son musée Bozzetti gratuit au cœur d’un cloitre, avec des expos toujours intéressantes et ce Parco della Scultura Contemporanea dans toute la ville, une culture gratuite et accessible à tous ! L’office du tourisme donne un plan de la ville avec l’emplacement des sculptures, un parcours qui vous fera découvrir la cité.
Au milieu de toutes ces œuvres, le célèbre artiste colombien Fernando Botero, dont il faut reconnaître que je suis totalement fan ! L'artiste de l'abondance avec ses personnages gonflés, un gonflement botéromorphique (!), ses sculptures volumineuses aux formes généreuses. Aujourd’hui, il repose aux côtés de son épouse au cimetière de Pietrasanta. Ce lien unique avec la ville remonte aux années 70 où Botero transpose son art de la toile vers la sculpture. Pietrasanta s’impose à lui pour créer ses sculptures, cette commune à la tradition à la fois d’ateliers de marbre et de fonderies artistiques. Depuis la Renaissance, elle est réputée pour la qualité de son marbre que Michel-Ange venait chercher régulièrement. Aujourd’hui encore, Pietrasanta est une étape obligatoire pour les sculpteurs sur pierre, l’un des plus importants centres mondiaux de la sculpture.
La fonderie artistique à Pietrasanta joue un rôle crucial dans la création de sculptures en bronze. L'une des fonderies les plus célèbres est la Mariani, fondée en 1952. Cette fonderie a acquis une réputation internationale pour la qualité de son travail et a collaboré avec de nombreux artistes renommés. Les fonderies de Pietrasanta utilisent des techniques traditionnelles de coulée de bronze, souvent combinées avec des technologies modernes pour améliorer la précision et la durabilité des sculptures.
Ces ateliers ont produit des œuvres pour des artistes de renom dont Botero.
Depuis 1993, les deux grandes fresques, La Porte du Paradis et La Porte de l'Enfer, attirent les regards à l'intérieur de l’église de la Miséricorde dans la rue principale de Pietrasanta. Sur la Piazza Matteotti, c’est son Guerriero (1992) que l’on peut admirer. Un guerrier tout relatif avec sa poêle à paella en guise de bouclier et sa queue de billard comme lance. Une rareté en Europe de pouvoir regarder trois œuvres de Botero, lui qui a pratiquement tout légué à Bogota et à Medellin en Colombie.






Prolonger l'aventure jusqu'à la charmante Pistoia
A quelques kilomètres de Lucca, vous pouvez prolonger l’aventure à Pistoia, une Cité au riche patrimoine, totalement délaissée par les touristes, une aubaine ! Vous ne serez pas dépaysé en venant de Pise ou Lucca, le style Romanico Pisano s’est ici épanoui pour devenir le style Romanico Pistoiese, autrement dit les églises zébrées et elles sont nombreuses dans la ville. Les églises sont construites au goût des 11ème et 12ème siècle, période où la République Maritime de Pise domine la Méditerranée mais aussi influence toute cette partie de la Toscane. Au Quattrocento, Pistoia, jusque-là indépendante, sera absorber par la République de Florence.
Les deux plus emblématiques sont évidemment le Duomo, la cathédrale San Zeno et l’église San Giovanni Fuorcivitas avec son marbre bicolore qui recouvre entièrement le côté Nord, incroyable ! D’autres églises comme San Bartolomeo et San Andrea sont aussi ornées de cette alternance de blanc et de vert. Le baptistère également. Entrez absolument dans San Andrea pour voir la Chaire, chef d’œuvre de Giovanni Pisano, bâtisseur de la cathédrale de Sienne, de la fontaine de Pérouse et de la Chaire du Duomo de Pise.
A Pistoia, on retrouve une façade en loggia sur le Duomo comme à Pise ou Lucca et une alternance du marbre blanc et du vert de Prato assez marquée, y compris dans les arcs et les bandes horizontales. On retrouve malgré tout les arcs aveugles et les losanges si nombreux dans le Romanico Pisano.
Et puis un édifice sort du lot de l’horizon pistoiesi, une grandiose coupole qui date du 16ème siècle, réalisée par Vasari sur ordre des Médicis, d’où cette familiarité avec Florence (on surnomme d’ailleurs parfois Pistoia comme la petite Florence). L’intérieur le confirme avec ce style Renaissance florentin, un rappel à l’architecte Brunelleschi (construction de la coupole, de San Lorenzo, de l’hôpital des innocents à Florence) évident qui vous replongera dans la capitale florentine.
Pour terminer cette aventure dans les confettis du Quattrocento, quoi de mieux que de goûter aux confettis de Pistoia, les confetto birignoccoluto dont la recette originale mélange vanille et anis (il existe maintenant bien d’autres parfums) sorte de dragée en forme de « hérisson » que l’on peut trouver chez Bruno Corsini, confiseur aux milles merveilles !



